Chez Mélanie Diligeart, à Rennes
Il y a ceux qui veulent seulement poser leurs cartons, sans même avoir à passer un coup de pinceau. Ceux qui colleraient bien un peu de papier peint, à moins qu’ils ne donnent un coup de frais à la cuisine. Ceux, enfin, qui n’envisagent la rénovation que comme une page blanche, sur laquelle laisser libre cours à leur créativité. L'architecte d'intérieur Mélanie Diligeart a choisi son camp. “J’avais vraiment envie d’apporter ma patte, de travailler sur les volumes, les sens de circulation, les matériaux… Bref, repenser l’endroit de A à Z”. Il faut dire que les lieux s’y prêtaient. Après un an et demi de travaux, l’ancienne ferme flanquée d’une étable sombre a laissé place à une maison baignée de lumière dans laquelle chaque élément a été mûrement réfléchi. Attention, visite pleine d’inspiration !
Dedans dehors
Garder l’âme d’un lieu tout en lui insufflant une touche de modernité… tout un programme ! Hors de question de renoncer aux vieilles pierres et aux poutres patinées par le temps. Mélanie a composé avec les éléments structurants de la maison pour imaginer des ouvertures sur l’extérieur qui permettent de donner un rôle majeur à la nature bretonne, à la façon d’un tableau qui évolue saison après saison. Heureux accident, la grande verrière du salon devait initialement être nettement plus petite. “Elle illumine toute la maison, son côté monumental a permis de donner le ton dans le salon”.
Laisse béton
Inspirée par les influences japonaises et scandinaves, la fondatrice de MD Studio a fait le choix de matériaux doux et organiques qui tranchent avec les huisseries en métal noir. Coulé sur un sol chauffant, le béton ciré apporte une unité au rez-de-chaussée. “Je voulais quelque chose de doux et très agréable à vivre. Contrairement aux idées reçues, c’est très simple d’entretien mais il faut être réaliste, c’est un matériau qui vit.” Reste à maîtriser la pose. “Il ne faut pas hésiter à demander à un spécialiste de s’y coller, et bien respecter le temps de pause entre chaque couche”.
Cache-cache
Nichée sous la grande verrière, la banquette minimaliste cache trois caissons Metod dans lesquels faire disparaître puzzles et lego devient un jeu d’enfant. Mélanie a choisi de prolonger le béton ciré sur la structure pour la fondre dans le décor et créer une unité. “Il s’applique aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale.” Les portes Plum Living en chêne naturel apportent une touche chaleureuse, tandis que les poignées Bulles noires mat rappellent la structure des baies vitrées. Ajoutez une banquette en bouclette, et il ne reste plus qu’à s’y lover avec un bon livre et une tasse de thé !
Minimalisme assumé
Comme la banquette, l’enfilade s’intègre directement dans le mur pour renforcer le côté épuré du salon. Composée de caissons Metod simplement habillés de façades en bois, elle fait la part belle aux détails. Le plan de travail créé à partir de coquilles Saint-Jacques, clin d’oeil à la région, réhausse l’agencement d’une touche de couleur subtile, tandis que les étagères flottantes ton sur ton permettent de mettre en valeur les objets favoris de la famille.
La possibilité d’une île
A quelques mètres de là, l’entrée se détache comme une île de mosaïque sur le sol gris. “C’est le seul endroit où nous avons mis du carrelage. Le béton ciré évolue, se patine comme un beau bois et n’en devient que plus beau, sauf quand il est au contact de petits cailloux qui peuvent l’endommager”. Pensée comme un sas qui fait tampon entre intérieur et extérieur, elle abrite une arche composée de caissons Ikea. “L’entrée reste une pièce technique, dans laquelle il faut pouvoir ranger manteaux, parapluies et chaussures. Je voulais des rangements cachés dans un meuble intégré”.
Shake, shake, shake
Simplement séparée de l’entrée et de la salle à manger par des demi-verrières, la cuisine coche toutes les cases du style shaker. Pas étonnant quand on sait qu’elle est signée DeVol ! Avec ses façades à cadre ivoire, ses poignées coquilles et son plan de travail en pierre, elle rappelle l’histoire de la bâtisse. Regardez de plus près : les détails en laiton permettent d’attirer la lumière, à commencer par les zelliges dorés parsemés ici et là. Les suspensions et l’îlot en bois blond, eux, font écho aux éléments menuisés qu’on retrouve dans le reste de la maison.
Question d’expérience
Deux colonnes et une majorité de meubles bas : Mélanie a joué avec la structure des éléments pour créer une cuisine à la fois esthétique et fonctionnelle. “Je conseille souvent à mes clients de noter tout ce qu’ils font dans leur cuisine pendant quelques jours, et d’identifier ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas.” Ici, la surface totale du rez-de-chaussée a permis de créer un cellier dans lequel faire disparaître les machines à laver et autres appareils électroménagers encombrants.
Trait d’union
Pièce centrale du salon, l’escalier reprend les codes de la maison en mêlant bois clair et métal noir. Trait d’union entre les pièces de réception et l’espace nuit, il attire l'œil vers le plafond et met en valeur le volume de la pièce. A l’étage, la chambre parentale tire le fil des couleurs de la nature qu’on devine par la fenêtre pour créer un effet cocon.
Contrainte ou opportunité ?
Nichée dans la sous-pente, la salle de bain combine douche et baignoire dans un espace restreint. Mélanie a tiré parti de chaque centimètre disponible en jouant avec un caisson Ikea glissé sous les combles et habillé de façades Blanc pur et Olive. Étirée sur le pan de mur attenant, la couleur permet de créer un effet boîte qui donne l’illusion du sur-mesure. Côté baignoire, l’architecte d’intérieur a joué avec la cloison pour encastrer la robinetterie en laiton côté chambre. Résultat, zéro espace sacrifié dans la salle de bain, et un soubassement qui apporte du relief au verso. Malin !
Qui se ressemble s’assemble
On ne change pas une équipe qui gagne ! Dans la chambre de son petit dernier, Mélanie a de nouveau composé avec des caissons pour exploiter l’espace. Installés dans le prolongement d’une colonne, ils permettent de créer des rangements à hauteur d’enfant. Ici encore, la couleur permet de donner de la cohérence à l’ensemble : les rayures bronze du papier peint rappellent la couleur de la niche, tandis que les poignées en bois font écho aux poignées assorties.
A l’épreuve du temps
Lit double, bureau taille adulte et penderie qui mixe caissons Pax et Metod… Ne vous y trompez pas : la cadette de Mélanie n’a que 5 ans ! “Quand on arrête le lit bébé, je conseille toujours de passer au lit deux places : c’est super pratique au quotidien, ça dépanne quand on reçoit, et on n’a pas besoin de le changer à nouveau dans quelques années !” Une philosophie qui s’applique également au bureau. Avec son plateau à hauteur standard et ses rangements bicolores, il fait office d’espace créatif en attendant l’heure des devoirs.
En tandem
7 ans, âge de raison ! Chez son aînée, Mélanie a dû composer avec d’autres envies que les siennes. “C’était important pour moi que chacun se sente bien dans son espace”. Point de départ de la chambre, le papier peint tye & dye a inspiré un petit bureau bicolore créé à partir d’un caisson Metod. La porte qui menait vers une autre partie du corps de ferme a été condamnée, pour en faire une arche poétique dans laquelle se nichent des étagères flottantes, clin d'œil aux éléments architecturaux du rez-de-chaussée.
Les idées qui nous inspirent
- Les caissons Metod incrustés dans la banquette en béton ciré
- L’arche d’entrée qui permet de faire disparaître chaussures et manteaux en toute discrétion
- Le mobilier créé à partir de caissons pour une ambiance minimaliste
- Les étagères flottantes qui donnent une allure aériennes aux agencements
