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Tuile, ocre, romarin et rose calcaire. Les noms des couleurs imaginées par Margaux Keller auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. Si le design est sa raison d’être, la Provence, elle, coule dans ses veines. Il suffit de pousser la porte de sa bastide perchée sur les hauteurs du Luberon pour s’en convaincre. Pensée comme un refuge pour sa famille et ses amis, elle multiplie les clins d'œil à l’artisanat local tout en servant d’écrin à ses créations. Un joyeux mélange des genres, qui donne envie d’y poser ses valises et de ne plus repartir. Visite guidée !
Des champs de lavande à perte de vue, des volets bleus typiques de la région et un nom affiché fièrement aux portes de la cuisine : La Maïoun. “C’est un terme provençal qui signifie “la maison” du côté de Nice, et “le maillon”, ici, dans le Luberon”. Une évidence pour Margaux, animée par son envie d’unir et de réunir dans une vraie maison de famille. Accrochée à la roche, la bastide était dans son jus il y a encore quelques mois. Hors de question de lui enlever son âme. Entre partis pris pointus et matériaux traditionnels, la designer a su y faire dialoguer deux univers qui lui sont chers.
La cuisine en est le meilleur exemple. Ici, les rideaux de perles sont contrebalancés par des poignées en bois ultra contemporaines, et les façades à cadre classiques twistées par des portes en bois teinté. “C’est ce qui me plait dans mon métier, faire résonner des souvenirs, des émotions. Il n’y a pas de faux pas”. Pensée pour garder la fraîcheur, la pièce était sombre. Qu’à cela ne tienne ! Margaux a détourné des miroirs pour en faire une crédence qui reflète la lumière et apporte de la modernité. La voûte qui mène vers l’entrée, elle, a été plaquée avec des feuilles de chêne teinté pour dynamiser les murs en chaux.
Pièce maîtresse de la cuisine, l’îlot a été pensé comme le cœur névralgique de la bastide. “Je ne me voyais pas faire une maison de famille sans. Je rêvais de pouvoir réunir tout le monde autour !” Contrepoint des teintes naturelles des façades, les carreaux en terre cuite émaillée grenat utilisés pour l’habiller lui donnent une dimension sculpturale, tout en affirmant la passion de Margaux pour l’artisanat. “Ils ont été créés dans le Var spécialement pour la maison”. Graphiques, les rideaux rayés dans les mêmes teintes permettent d’ajouter du rythme et de la légèreté à moindre frais.
Incontournable à l’extérieur, la pierre du Luberon donne également son caractère singulier à la salle à manger. Autrefois séchoir à lavande, elle est restée brute, simplement sublimée par des matériaux naturels. “J’ai voulu magnifier la pierre avec ce carrelage jaune soleil, et la réchauffer avec du bois naturel”. Inspiré des radassiers, ces bancs typiquement provençaux, la banquette est surmontée d’une étagère qui sert d’écrin à la table de monastère chinée. Ajoutez des luminaires imaginés par Margaux et une enceinte à karaoké savamment dissimulée, et vous obtenez le refuge parfait pour des soirées qui restent gravées.
On jurerait qu’il s’agit d’une pièce designée tant l’escalier monumental semble flotter dans l’entrée. Détrompez-vous ! “Ce sont de gros blocs de pierre directement intégrés dans les murs. Ça a été un de nos coups de cœur quand on a visité la maison !” En haut des marches en pierre, le bois reprend ses droits dans la chambre des enfants, inspirée de la cabane des enfants perdus de Peter Pan. “Je voulais repenser le dortoir pour enfants, mais je ne trouvais rien dans le commerce. J’ai donc dessiné ces trois lits avec ce tronc qui rappelle l’arbre autour duquel se déploient les branches sur lesquelles on vient grimper”.
Adepte des pas de côté, Margaux a choisi de jouer la carte du bois sur les lits… mais pas sur les poutres. “J’adore peindre les plafonds ! Ça crée tout de suite une atmosphère plus chaleureuse”. Ici, les boiseries se parent de notre Ocre, tandis que le plafond s’habille de Rose calcaire. La designer a prolongé la couleur jusqu’en haut des murs, pour créer un effet boîte enveloppant et renforcer l’idée de la cabane.
Cette attention aux détails, Margaux Keller en fait d’ailleurs sa signature. Ici une plinthe rayée qui reprend l’imaginaire provençal, là des bijoux de porte en laiton qui cachent des trous disgracieux… Rien n’est laissé au hasard. “C’est ce que j’achète en tout premier dans les chantiers, parce que je sais qu’à la fin, il n’y a plus de budget pour ces petites choses alors que c’est ce qui va finaliser la maison”.
Les interrupteurs de la salle de bain ne font pas exception. Choisis en rose vif, ils reprennent les teintes des carreaux de ciment posés au sol et contrastent avec le carrelage soleil qui fait son retour pour illuminer cette pièce exigüe. Regardez de plus près : la vitre qui sépare la douche est elle aussi teintée en jaune pour renforcer la couleur. Clin d'œil aux poutres laissées brutes, la verrière et le meuble vasque sont eux aussi faits en bois foncé, pour donner un côté chaleureux à la salle de bain. “Il suffit de le protéger avec un vernis costaud !”
Des peintures à la chaux, un dressing Romarin et des matériaux naturels. Lorsqu’elle a imaginé sa chambre, Margaux a puisé son inspiration par la fenêtre. Tantôt verts, tantôt roses, les murs font écho à la garrigue et aux toits en tuile environnants. “Ce sont des couleurs qui réagissent très bien à la lumière, elles l’absorbent tout en la renvoyant avec beaucoup de douceur et de poésie”. L’espace nuit, lui, a été pensé comme un cocon avec un lit à baldaquin en bois sombre. Une cabane, taille adulte !
À l’étage supérieur, la couleur est reine. Une première chambre d’amis affiche fièrement son plafond bleu Klein. La seconde joue avec les éléments d’architecture soulignés par des astuces inattendues. “Ici, j’avais envie d’oser et de confronter les couleurs entre elles !” L’Ocre utilisé pour habiller le soubassement est souligné par un listel noir, détourné de son usage traditionnel dans les salles de bain pour en faire une frise graphique. La tête de lit, elle, a été recouverte de carreaux de céramique cylindriques Rose calcaire qui renvoient la lumière et créent des lignes sculpturales.
À force de suivre Margaux de pièce en pièce, emportés par son sens du détail et du dialogue entre design et tradition, on en oublierait presque qu’on n’a pas encore aperçu le salon. “C’est assez commun de le retrouver au dernier étage dans les maisons provençales !” Si l’été se vit dehors, l’hiver lui, rime avec cheminée. Margaux lui a adjoint un banc de part et d’autre du foyer, simplement magnifié par céramique émaillée en forme de vague, pour renforcer cette idée de maison de famille qu’elle chérit tant. Pari réussi !